Carpeaux et La Danse au Palais Garnier
En 1861, Charles Garnier, jeune architecte encore inconnu, remporte le concours pour bâtir le nouvel Opéra de Paris. Nous sommes en plein Second Empire et il est chargé de penser un lieu d’apparat, symbole du faste impérial, qui regrouperait tous les arts musicaux. Le vieil Opéra de la rue Le Peletier, peu commode et où l’accès difficile a permis un attentat contre l’empereur en 1858, est entièrement détruit par un incendie en 1873 après de nombreux débuts de feu les années précédentes.
Le nouveau bâtiment est une merveille de l’éclectisme mélangeant plusieurs styles et offrant un spectacle permanent pour les yeux. Inutile d’attendre d’aller voir un Opéra, vous pouvez le visiter dans la journée et, ne serait-ce que pour le grand escalier, la visite vaut largement le détour…
Charles Garnier et le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux sont amis. Vers 1865 Garnier demande à Carpeaux de lui composer un groupe pour la façade : l’allégorie de la danse. Carpeaux réalise alors un groupe d’une grande nouveauté pour l’époque : ce groupe est composé de 8 figures — alors que l’usage voulait qu’il n’y ait pas plus de 3 figures dans un groupe — elles sont nues, en mouvement, et dégagent un grand dynamisme, mais surtout une très grande sensualité. Le groupe est très critiqué avant même son installation, il fait scandale. Pourtant Garnier soutient son ami et la sculpture est installée sur la façade en 1869.
Une nuit la sculpture est vandalisée (certainement un puritain choqué par cette nudité exaltée, n’oublions pas que nous sommes encore sous le très conservateur Second Empire…) par la projection d’un encrier qui vient maculer la blancheur du groupe.
Aujourd’hui vous pouvez toujours admirer l’original (qui conserve quelques traces de l’attaque d’encre) au Musée d’Orsay, et bien sûr une copie de cet original réalisé par Paul Belmondo sur la façade du Palais Garnier, ce groupe incroyable qui détonne tellement des trois autres groupes allégoriques de la façade beaucoup plus académiques