La Madone Sixtine de Raphaël

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve qu’on reconnaît les Vierges de Raphaël à leur regard. Il existe une merveilleuse Madone de Raphaël, la Madone Sixtine, visible à Dresde. Ce spectaculaire et époustouflant tableau (si, si, je pèse mes mots) nous montre encore une fois bien plus qu’il n’y paraît.

Une émouvante Vierge Marie tient tendrement son enfant dans les bras, elle est figurée dans un espace mystique, les nuages, et un lourd rideau ouvert nous dévoile la scène. Celui-ci nous indique que nous assistons à une scène à la fois cultuelle et cérémoniale. La Vierge fixe le spectateur et semble avancer vers lui. A gauche Saint Sixte montre le spectateur et fait le lien entre le monde du sacré et le monde des croyants. En bas, deux chérubins (ou putti) qui semblent s’ennuyer, s’appuient sur le rebord d’un linteau qui pourrait être le cadre, nous indiquant à nouveau les deux espaces de représentation. A droite, Sainte Barbe regarde vers le bas (la terre, les chérubins … ?... qui sait ?). Dans l’angle inférieur gauche, on distingue une partie de la tiare papale de Sixte, le commanditaire du tableau.

La Madone serre son enfant contre elle. Elle a compris que le destin de son enfant est de mourir pour sauver l’humanité. Cette vision la retient, l’effraie, et l’enfant Jésus aussi semble effrayé. Le but de l’œuvre est de nous révéler un mystère, l’invisible du divin se rend visible aux hommes… Quant aux chérubins, ils semblent accepter que ce qu’ils protégeaient soit désormais apparent pour tous.

Comme l’écrit Daniel Arasse (oui je sais je vous parle souvent de lui, mais il est une lumière dans l’obscurité de la création artistique…), cette peinture est un objet qui pense et nous livre une émotion. Un lien se crée et nous sommes alors spectateurs d’une beauté à couper le souffle…

Raphaël, Madone Sixtine, 1513-1514, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde

Raphaël, Madone Sixtine, 1513-1514, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde