Le Bleu Klein
Le monde est bleu. Si, si, bleu, demandez aux cosmonautes, le monde est bleu. Non, je ne délire pas, je veux bien sûr vous parler d’Yves Klein !
Pour Yves Klein, la beauté pure réside au cœur du monde, émane de lui et l’artiste n’est que le vecteur révélant cette beauté. Le monochrome bleu et le renoncement aux autres couleurs font partie de sa cosmogonie personnelle. Je le cite : “Le bleu n’a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que les autres couleurs, elles, en ont. […] Toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible”. Le bleu, c’est le pouvoir de l’imagination à l’état pur. Son choix se confirme lors d’un voyage à Assise où il découvre les bleus de Giotto dans la fresque sur la Vie de Saint François.
Yves Klein créé alors une formule originale de bleu qu’il va déposer auprès de L’Institut National de la Propriété Intellectuelle : le ©IKB (International Klein Blue), composé d’un mélange savant de bleu outremer et d’or, se rapprochant ainsi du lapis-lazuli, cette pierre semi-précieuse symbole de pureté durant l’Antiquité.
Klein associe ainsi la créativité, la représentation du monde et la spiritualité. L’œuvre d’art doit rendre compte de “l’illumination”, expérience mystique qui se traduit par une imprégnation de la nature et du monde par le bleu. Tout devient bleu. Les objets, les sculptures, les peintures monochromes comme des icônes religieuses, les empreintes de corps, créant un pont spirituel entre lui et les premiers hommes à avoir pratiqué l’empreinte, il y a quelques 30.000 ans…