Rothko
Mark Rothko, incroyable peintre du mouvement artistique surgi en Amérique après la Seconde Guerre Mondiale : l’expressionnisme abstrait. Appellation curieuse en ce qui le concerne, tant sa peinture est loin du geste pictural d’un Pollock ou un De Kooning. Le groundcolor de Rothko devient le sujet de sa peinture dès la fin des années 1950 et sa proposition formelle devient sa “marque” : sur une grande toile, des rectangles de couleurs semblent flotter, leurs contours sont indistincts sur un fond uni.
Mark Rothko voulait que ses peintures soient des miracles, et il a réussi. Ses tableaux sont des puits de couleur, leur présence est incroyable, on se retrouve face à un « objet qui pense », comme l’écrivait Daniel Arasse au sujet des peintures de la Renaissance Italienne. Ses œuvres sont à la fois intenses, délicates, mystérieuses et enveloppantes. On reste subjugué devant elles ; lentement on y plonge et on se retrouve à l’intérieur…
Les modulations colorées de ses compositions, où le contraste joue de la nuance, sont propices à la spiritualité et la méditation désirée par Rothko. Le tableau est un objet de méditation, et l’absence de tout cadre autour de la toile est une particularité désirée par l’artiste qui veut ne pas donner de limites spatiales à son œuvre.
Ne négligez jamais la puissance de l’œuvre « en vrai ». Une reproduction ne restitue jamais cette présence physique, celle de l’artiste passée à l’objet, son intention vibrante. Si cela est vrai pour toutes les périodes de l’histoire de l’art, on ne peut s’en passer pour plonger dans les toiles de Rothko.