La Crucifixion blanche
Il est des artistes qu’on aime d’emblée et ceux dans lesquels on entre presque par hasard.
Je suis « entrée » dans Marc Chagall par La Crucifixion blanche, une œuvre spectaculaire, énigmatique et troublante, bavarde et savante.
Chagall peint cette toile en 1938, quand le nazisme domine l’Allemagne et bientôt le monde. Il fait souvent référence à la judéité dans son œuvre, étroitement liée à son histoire personnelle et à l’Histoire universelle. Ici, il crée un pont entre le temps dont il témoigne et l’histoire du peuple juif.
L’œuvre se compose d’une grande figure du Christ en croix au centre, entourée de plusieurs scènes de violence et de désarroi. Cette figure blanche incarne à la fois l’innocence et la mort, la souffrance ultime et l’espoir. De plus, la figure du Christ représente ici à la fois le peuple juif (Jésus était juif) et tous les peuples.
Si on observe les scènes qui entourent la croix, on détaille les Patriarches pleurant sur la scène, le châle de prières en pagne, des soldats arrivent dans un village où les maisons sont renversées, un bateau tente de fuir l’horreur, le juif errant en vert, souvent présent chez Chagall. Pour lui, le juif est toujours obligé de fuir…
L’œuvre montre donc plusieurs espaces et plusieurs temps de représentation, elle montre même plusieurs mondes : le spirituel, l’historique … Chagall se positionne en artiste témoin de son temps et des horreurs perpétrées.
C’est très beau, ça tourne, c’est émouvant et c’est intemporel… Marc Chagall nous entraine dans cette ronde de l’histoire et de la souffrance, le tout avec une leçon magistrale de peinture.