Romantisme Noir et Fantastique

A la fin du XVIIIème siècle se développe en Europe le Romantisme dans les arts. Essentiellement en Angleterre et en Allemagne, le mouvement s’étend en Espagne (notamment avec Goya ...) pour finir en France où il est porté aux nues de la création sublime par Victor Hugo, Théodore Géricault, Eugène Delacroix... En musique le Romantisme s’exprime à travers Beethoven ou encore Rimsky-Korsakoff.

Le Romantisme explore les états de l’âme, les sensations, les sentiments, les émotions. Il est souvent teinté de mélancolie mais aussi parfois de mystère et de fantastique. Quand il plonge dans cet univers de l’étrange, il se mêle au Symbolisme et est parfois appelé le Romantisme Noir. Les artistes, fuyant la raison et la rigueur, se tournent vers le « romanesque » issu de l’imagination et du fabuleux.

Ainsi, le peintre suisse Johann Heinrich Füssli, réalise dans les années 1780 plusieurs versions du Cauchemar. Cette œuvre contient à elle seule tous les ingrédients du romantisme noir : une femme, étendue dans son lit dans une position de souffrance voire de mort, est entourée de créatures effrayantes, dont le célèbre incube ou démon qui est assis sur elle tandis qu’un cheval aux yeux de fou apparaît par le rideau. La blancheur de la femme, sa position et son expression contrastent avec les couleurs sombres et inquiétantes du décor où elle se trouve. Sur un même, plan, Füssli nous montre le réel (la femme endormie) et le monde du rêve peuplé de démons et de créatures diaboliques. L’inspiration est probablement médiévale et germanique : on croyait alors que la nuit favorisait l’apparition des démons qui prenaient possession des corps endormis. A la même époque se développe la littérature fantastique comme celle de Mary Shelley (Frankestein ou le Prométhée moderne), Bram Stocker (Dracula) et H.P. Lovecraft (De l’au-delà).

Füssli, peintre du sublime, du rêve et de l’imagination, est à l’honneur cet automne à Paris dans une belle exposition que lui consacre le Musée Jacquemart-André. Une occasion de découvrir l’œuvre riche et singulière de cet artiste suisse d’adoption britannique qui se voulait poète.


Johann Heinrich Füssli, The Nightmare, 1781, huile sur toile, 101 x 127 cm, Detroit Institute of Arts

Johann Heinrich Füssli, The Nightmare, 1790, huile sur toile